Les pages de ce livre VII formalisent une pensée sur un thème à chanter ; elles
sont une réflexion et une ode à l’ivresse, entendue dans son acception élargie
– ivresses, multiples et diverses. Plus exactement, elles s’attachent aux liens
qui l’associent, presque par nature, à l’art. N’est-elle pas déjà, en
substance, esthétique ? Qu’elle nous gagne par absorption ou sécrétion, à
répétition, à l’exception, elle exalte – en vacarme, en silence. Elle est
stimulation, exaltation de l’esprit. Sursaut lumineux, elle vivifie, emporte ;
elle promet les ravissements de l’extase – ce sentiment océanique, cette
surconscience et surprésence du monde. Il s’agit, par elle, de purger le
sublime du réel, sucer la moelle de la vie, revêtir tout le monde extérieur d’une
intensité d’intérêt. Chercher l’âme ailleurs. Tout à la fois force de
transfiguration et distanciation, prise de distance avec le réel, l’ivresse est
une poétique, une beauté de situation, provisoire et vécue. Cruelle ivresse,
aussi, qui se voit intensifiée par l’insoutenable intuition de la fanaison :
son temps est compté, concentré en l’instant – celui, pourtant, de l’infini de
la jouissance. Pire : pharmacologique, elle est le remède qui veut ignorer
son poison. Devenue pathologie, elle consume : elle fane la vie, elle l’oublie.
Voilà l’ivresse ici chantée, quoique l’entreprise semble vaine. Fidèle à son
essentielle immédiateté, elle se dissipe à la réflexion, en se soumettant à la
médiation de la conscience. L’ivresse ne se raconte pas.
Édité par Sébastien Biset
Textes de Sébastien Biset, Antoine Boute, Emmanuel Giraud, Pierre
Hemptinne, Tom Marioni, Véronique Nahoum-Grappe
Édition française
16 x 23,5 cm
152 pages
ISBN : 978-2-930667-13-3
EAN : 9782930667133